LA FABRIQUE DE PLANCHES MAGIQUES

 

Il y a un an j’ai rencontré Alex.
Un pote avait eu des ennuis avec son single quelques jours plus tôt, touché sur les flans ici et là, il m’a proposé de l’accompagner pour l’amener consulter cet apprenti docteur presque comme les autres.

 
 

En bord de route la clinique n’était pas très grande et ne payait franchement pas de mine, dissimulée dans cet hangar qu’on aurait pu aisément imaginer clandestin. On s’est garés dans la petite cour de devant et un bonhomme en marcel musclé, à la gueule sympathique et bien dessinée nous a salué. Ils ont échangé un moment à propos de la patiente puis on est repartis. Quelques jours plus tard l’histoire était pliée. Concernant le single, l’opération s’est plutôt bien déroulée, facile, un peu de résine, quelque coups de ponçage et le tour était joué mais quelque chose de plus important s’est produit à la découverte de ce lieu. Comme intriguée, j’ai eu envie d’en apprendre plus sur ce docteur à demi Foutrac entouré de ces pains de mousses aux apparences de tapis magiques.

 
 

J’y suis donc retournée quelques jours plus tard.
La porte du hangar ouverte, je suis entrée. Ici on y fabrique de tout : du plaisir doux et sucré, haut en couleur, du pastel au plus acidulé, et bien souvent du fort en sensation. Ici le regard se perd.
La tôle grise abrite une véritable usine à plaisir. Le lieu est quelconque, plutôt usé par les années, par les œuvres des savants-fous qu’il a d’ores-et-déjà abrité.

 
 

Alex a installé 2 chaises en plastiques à l’extérieur, sorti un paquet de chocolats et on a entamé la conversation. Il me raconte qu’il a commencé le shape deux années auparavant, son travail me parle, son travail me plait. Dans sa fabrique il évolue, calcule, lisse, glasse, expérimente envers et avant tout, il crée : simplement. Un retour à l’aspect manuel qui lui manquait m’explique t’-il. De l’art tatoué sur le corps, de l’art dans le cœur et de l’art au bout des doigts. A mesure qu’il racontait ses histoires j’étais frappée par son regard. A ses yeux une passion nettement visible et débordante. Aux miens, le sentiment que tout était définitivement possible. Il mène sa vie avec une soif de connaissance infinie et d’horizons différents et c’est précisément son parcours de vie qui m’impressionne le plus.

 
 
 
 

Alex est un drôle de personnage, du haut de sa trentaine il balaie les idées reçues d’un revers de la main. Loin d’une vie posée qu’on s’imagine arrivé à cet âge là, il continue de tracer sa route où bon lui semble, où ses envies le mènent.
J’ai le sentiment que ce Merlin l’enchanteur restera imprévisible et créatif encore un bon paquet de temps. Je vous offre sa recette. Commencez par grandir du côté d’Annecy, vivre de sport, de nature et de glisse. Suivez ensuite tout naturellement une formation dans cette direction du coté de Lyon, puis évoluez dans des activités d’animateur de groupe. Voyagez, donnez de votre temps du côté de quelques ONG. Puis faites votre route en direction de Bordeaux, suivez-y des études de psychologies à l’année. Offrez-vous des étés un peu plus bas, entre Seignosse et Hossegor, vivez dans votre van la nuit, nourrissez-vous de belles vagues le jour quand les conditions le permettent et shapez pour quelques mordus à vos heures perdues. Ajoutez à ça une passion immuable pour les activités artistiques et créatives, vous trouverez surement Alex Korp. Et encore, je serais vous, je n’en serais finalement pas si certain. Il aura sans doute déjà disparu par un chemin de traverse quelconque. Usé de quelques trucs et astuces en quête d’une nouvelle mission à entreprendre, d’un coup de main à filer ou d’un nouveau défi à relever le tout bien sûr comme dans un bon vieux cartoon, en disparaissant dans un large et épais nuage de fumée.

 
 
 
 


Photographies et mots de Pauline Gallot.
Seignosse, 24/07/17